LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE

Dimanche 18 Janvier 2023, 18 h (Paris)Intervenant : Geoffroy de Lesquen, Vice-Président FDSEA du Calvados FDSEA : antenne de la FNSEA, le syndicat majoritaire en France.

 Introduction Souveraineté alimentaire = satisfaire les besoins alimentaires de sa population, en quantité, qualité et diversité, en toute indépendance. Choix d’importer ou non des produits alimentaires. Guerre en Ukraine :  a complètement change le marché des céréales et de l’énergie. Enjeu stratégique : assurer sa souveraineté alimentaire. Les politiques en prennent conscience.

 Un déficit croissant de la balance commerciale Solde de la balance commerciale = différence entre exports et imports France : numéro 2 mondial de vins et spiritueux Tout ce qui est négatif : ça augmente = on importe de + en +. On ne gagne pas de parts de marché En 20 ans, on est passé de 2e au 5e rang des exportateurs mondiaux de produits agricoles 

  • 1 poulet sur 2 est importé
  • 1 légume sur 3 est importé
  • 2 fruits sur 3 sont importés

 On a perdu 70% de parts de marché en 20 ans. Raisons : 

  • Coût du travail et fiscalité en France
  • Exigences environnementales couteuses : surenchère en France. On a l’agriculture la + durable, mais en réalité c’est trop, car on en devient moins compétitif.
  • Petites tailles des exploitations

 Les médias, relayés par les politiques, diffusent une image dangereuse de l’agriculture Une vision dangereuse de l’Agriculture propagée par les media: 

  • Un paysan qui veut produire « autrement ». Donc avant, le modèle productiviste, « c’est de la merde »
  • Il est bio. Le bio, c’est quasi religieux
  • La ferme est bucolique, et il fait beau, c’est authentique
  • Des petites surfaces, sans aucun produit chimique
  • L’agriculture industrielle et productiviste est mauvaise, c’est forcément du Monsento

  • Vision fausse et simpliste pour les concitoyens et les politiques, qui encouragent ce délire
  • On élude la question de la productivité
  • Circuits courts. D’accord, mais pas pour tout, et surtout pas pour les céréales.
  • C’est une vision blanc-noir, totalement binaire.

 On élude les vraies questions : 

  • Protéger l’environnement, oui c’est super important. C’est une question sociétale.
  • Une vraie crise dans l’agriculture = une production en danger
  • 500.000 exploitants agricoles en 2022 contre… 2 millions en 1960 (divisés par 4)
  • La surface augmente
  • 1 chef d’exploitation sur 2 est âgé de 50 ans
  • 1 sur 4 n’a pas de repreneur (raisons : règlementation, normes, pénibilité, revenu : 1.500 EUR par mois, etc.)
  • Impact direct sur l’élevage (viande -2,2% en 2021, lait -2,8%) ; donc viande importée.
  • 70.000 ha de surface perdus chaque année (= 1 département chaque 10 ans)

 Une vision dogmatique des politiques en France et dans l’UE, à tous les niveaux Objectifs UE 2030 : 

  • 50% engrais de synthèse
  • 50% produits phytosanitaires
  • PAC 2023 : 2023-27 = il faut 4% de surfaces non productives, alors qu’il y a la guerre en Ukraine et un manque mondial de céréales. C’est gravissime.

 France : bonne idée de protéger l’environnement, mais la France décline en raison des contraintes environnementales exagérées pour l’agriculture, ce qui entraine des baisses de production : 

  • Natura 2000 : zones classées avec restrictions agricoles
  • SDAGE 2022-27 : passer à -50% de production avec intrants.
  • ZNT : zones interdites de cultiver
  • Directive Nitrate (azote)
  • Mars 2022 : du blé détruit par des activistes écolos près de Pontivy, sous prétexte que ce blé allait entrer dans la production des aliments pour animaux
  • Octobre 2022 : Deux-Sèvres. Destruction de bassins de rétention d’eau, bons pour le changement climatique, par des militants écolos.

 Vision binaire des Politiques 

  • Le Glyphosate : pesticide le + vendu au monde. Désherbant total : tue tout le végétal qu’il touche. Mais permet de désherber entre 2 cultures. Permet d’économiser massivement le gazole (1/3) : donc + vertueux pour l’environnement et les émissions de carbone. De +, il est très encadré, et il permet d’être beaucoup moins cher.
  • Les neonicotinoïdes : ‘tueurs d’abeilles »
  • Interdits depuis 2018 par l’UE
  • Versés sur des produits qui n’avaient pas de fleurs (betteraves), donc pas néfastes pour les abeilles
  • Permettait juste de lutter contre les pucerons, qui transmettent des virus aux plantes. Sans ce neonicotinoides, baisse de 30% de rendement des betteraves.
  • Au lieu de ce produit, au final, on pulvérise 3 fois + d’autres insecticides : donc 3 fois + dangereux, et ces autres insecticides tuent tous les autres insectes.
  • Mais dérogation finalement obtenue en 2020

 Conclusion : la chimie, oui, mais il faut la choisir (sélectif). Pas de dogmatisme. Le « bon en avant » du rendement depuis 1950 (de 1 à 7 t/ha/an) est dû a l’utilisation de la chimie : engrais de synthèse, insecticides fongicides, herbicides, sélection variétale. En bio : 

  • On n’utilise que des engrais naturels, que des insecticides naturels
  • Résultat : 2 à 3 fois moins de rendement que le blé classique
  • Donc, si on produisait SANS chimie, on réduirait de 50% notre production de céréales
  • Donc, fin de notre autosuffisance et la fin des exportations (la quasi-totalité part en Afrique du Nord, où la fin des exportations de blé aurait un grand impact social)

 On est donc au pied du mur. Alors, quels sont les RDV à ne pas manquer ? 

  • Image des agriculteurs : image dégradée. A restaurer.
  • Revenus : doivent augmenter. Lois Egalim, E. Leclerc tire à fond vers le bas sur les prix agricoles
  • Foncier agricole: équivalent de la surface d’1 Département perdu tous les 10 ans
  • Ne plus opposer les systèmes bio et traditionnel (vision binaire dogmatique). Le dernier grand scandale alimentaire venait de graines bio, mais personne n’a rien dit, car c’était bio.
  • Remettre la science au premier plan sur ces 2 systèmes : être pragmatique, scientifique, et factuel. Sortir du binaire. En France, on est toujours les 1ers à interdire.
  • Agriculture 2.0 : robots désherbeurs, cartographie satellite sur les besoins en engrais (cibles), drones, robots de traite, stations météo en temps réel, pulvérisations ciblées.
  • Adaptation au changement climatique : le temps change, ça évolue.
  • Les NBT : les New Branding Techniques : techniques de sélection variétales génétiques. Couleur des OGM sans être des OGM. OGM : mettre un gène exogène a une plante. NBT : manipuler le génome de la plante, sans y mettre de gène extérieur. Les OGM sont interdits en Europe, espérons que les NBT ne soient pas interdits.

 Q&A : - NBT : un grand espoir. - Glyphosate : pas de produit de substitution. Impact sur l’ENV : mais jusqu'à quand l’impact est supportable ? Statut des Exploitations agricoles : 

  • Exploitations Individuelles ; 1/3 des exploitations
  • Exploitations en Société : 1/3 des exploitations (permet d‘être à plusieurs : GAEC agricoles)

 Bio-Carburants 

  • La loi interdit de mettre + de 15% de produits alimentaires dans le méthaniseur.

 UE : sans la PAC, je perdrais de l’argent chaque année.En UE, les agriculteurs sont 2 fois moins aidés que les agriculteurs US PAC : 2023-27. La France est malgré tout le 5e producteur alimentaire. Il faut accepter que l’agriculture est faite pour PRODUIRE : ce n’est pas un gros mot